Bien que les stations solaires soient concues pour effacer le talon électrique du logement, il peut arriver qu'on ait une surproduction solaire les beaux jours, surtout si on a un peu surdimensionné son installation photovoltaique. Cette surproduction part alors sur le réseau général pour alimenter gratuitement nos voisins (enfin pas si gratuit, puisque leur fournisseur va bien leur facturer à eux cette électricité que vous générez gratuitement…). Bref, c'est un peu dommage ! Si vous êtes équipés d'une batterie type Bluetti ou Ecoflow, l'idée est donc de mettre en charge cette batterie avec le surplus de production, pour utiliser cette électricité gratuite le soir, quand les panneaux ne produisent plus. On peut automatiser cette recharge très facilement, sans aucun système domotique complexe, mais avec simplement deux périphériques Shelly en Wifi: le Shelly EM qui va suivre la consommation électrique de la maison, et la Shelly Plug, qui mettra en route la charge de la batterie.
Le matériel: Shelly EM et Shelly Plug
Si on est équipé d'un système domotique, on peut bien sûr réaliser cet automatisme très facilement. Il suffit d'un équipement capable de lire la consommation électrique du logement en live, comme le Lixee Zlinky par exemple, et d'une prise connectée. Ici, je suis parti sur quelque chose de simple: pas besoin de système domotique, simplement deux périphériques Shelly, qui se connectent simplement en Wifi et qui sont pilotables directement via le téléphone.
Le premier est le Shelly EM, accompagné d'une pince ampère métrique:
Ce petit module est alimenté en 230V, et peut recevoir deux pinces ampéremétriques pour suivre la consommation de deux lignes électriques (mais également la production).
Pour l'usage présenté ici, une seule pince sera nécessaire. J'ai pour m a part souhaité utiliser le module totalement, et j'ai donc opté pour la version livrée avec deux pinces: l'une suivra la consommation électrique de la maison, nécessaire pour notre scénario. L'autre suivra la production des panneaux photovoltaiques que j'ai sur le toit, et qui donnent lieu à une revente totale à EDF (donc pas utilisable pour alimenter la maison).
Le second appareil est une prise connectée du même fabricant, la Shelly Plug. Elle est aussi capable de suivre la consommation électrique de l'appareil qu'elle pilote, même si ce n'est pas très utile ici. L'intérêt est surtout que les deux appareils, du même fabricant, soient capable d'interagir entre eux.
La Shelly Plug est plutôt compacte, et assez classique de ce qu'on trouve aujourd'hui:
Elle est au format Shuko, donc compatible avec la plupart de nos appareils aujourd'hui. Comme on le voit elle est capable de supporter 2500w, ce qui sera très largement suffisant, puisque notre Bluetti AC200Max demande environ 500w quand elle est en charge. L'Ecoflow Delta 2 elle peut monter jusqu'à 1200w, ce qui reste encore bien gérable.
Installation du Shelly EM et de la Shelly Plug
L'installation de la Shelly Plug ne pose pas de problème particulier: il suffit de la brancher dans une prise électrique, et de brancher ensuite dessus la batterie qu'on souhaite recharger automatiquement.
Ici ma Bluetti AC200Max est posée au pied de mon tableau électrique, puisque reliée à mon inverseur de source pour le soir. Son alimentation est donc branchée dans la prise électrique disponible dans mon tableau:
Il n'y a rien de plus à faire.
Le Shelly EM est un peu plus complexe à installer: il faudra en effet venir placer la pince ampéremétrique autour du gros fil rouge (la phase) alimentant le logement dans son ensemble. On le trouve en sortie du compteur électrique, et en entrée du tableau électrique. C'est un câble plus épais que les autres, généralement en 16mm2:
Attention au sens de la pince: une flèche sur le dessus indique le sens du courant, qu'il faudra respecter pour avoir des valeurs correctes.
Cette pince, qui vient donc simplement s'insérer autour du fil de phase, va être capable de “lire” la quantité de courant qui passe dans ce câble.
J'ai placé la deuxième pince dans le tableau électrique gérant ma production photovoltaique (celle sur le toit, qui est totalement revendue à EDF et qui passe par un compteur Linky séparé du reste). Il suffit de repérer la phase qui part de l'onduleur vers le compteur Linky. Bon encore une fois ce ne sera pas nécessaire pour l'usage présenté dans ce guide, mais je vous montre au passage ce que j'ai fait ;-) Le Shelly EM sera ainsi capable de suivre chez moi la consommation électrique totale de la maison, et la production photovoltaique.
Les fils des deux pinces viennent ensuite se raccorder au module Shelly EM. Celui ci doit enfin être relié à une arrivée électrique 230V, avec phase et neutre:
A partir de là nos deux appareils sont opérationnels. Il ne reste plus qu'à les ajouter dans l'application mobile Shelly. Chose également très facile, puisqu'au lancement de l'application, quand on demande à ajouter un appareil, l'application les détecte automatiquement. Il suffit de sélectionner l'appareil détecté et indiquer le réseau Wifi à rejoindre. On peut ensuite lui donner un nom, le placer dans une pièce, et sélectionner une illustration:
D'ailleurs on peut même charger ses propres illustrations si on veut quelque chose de plus clair. Exemple ici avec une photo de la Bluetti:
On retrouve alors nos différents équipements Shelly. La prise Shelly Plug permet d'être pilotée en On/Off, et également de suivre la consommation de la prise, comme on le voit ici sur le graphique:
Comme d'habitude les équipements Shelly proposent de nombreux paramètres. On peut régler un allumage ou une extinction automatique à l'heure qu'on souhaite:
Gérer un calendrier de fonctionnement, régler l'état par défaut après une coupure de courant, etc.
C'est très très complet, avec même la compatibilité MQTT pour l'intégration dans un système tiers, etc. C'est ce qui me fait aimer ces appareils Shelly: ils sont fiables et vraiment polyvalents.
Après avoir également intégré le Shelly EM avec sa ou ses pinces ampéremétriques, il est possible de suivre la consommation de la maison, mais également dans mon cas la production photovoltaique de mon toit.
A gauche, on peut voir ici la production photovoltaique de mon toit. A droite, on apercoit la consommation électrique de la maison, en bleu. En revanche, en vert, on voit que j'ai un surplus de production en milieu de journée: mes stations solaires produisent plus que ce que la maison consomme. Cette électricité est perdue pour moi et réinjectée automatiquement dans le réseau général.
Le but est d'éviter cela au maximum, afin d'exploiter au mieux toute l'électricité produite par mes stations solaires.
Le scénario: recharge automatique de la batterie
Pour cela on va réaliser deux scénarios, très simples à mettre en place.
Dans l'application Shelly, on demande à ajouter une “scene”. On lui donne un nom, on la place dans une pièce, et on lui affecte une image.
Ensuite on choisit la condition de déclenchement: ici, si la consommation de la maison passe en dessous des -450w (le “-” est important !). Cela signifie que mes stations solaires produisent trop d'énergie, et qu'au moins 450w sont envoyés sur le réseau général:
Les 450w n'ont pas été pris ici au hasard: il s'agit de la consommation de ma batterie Bluetti AC200Max quand elle est en charge (elle demande 500w, mais je me suis pris une petite marge). Si je déclenche le scénario avec une surproduction de 100w seulement, cela signifie que la batterie va tirer 400w en plus sur le réseau général, qui seront donc facturés. Ce n'est pas le but. C'est pourquoi je ne déclenche le scénario que quand la surproduction dépasse les 450w, permettant à la batterie de se recharger quasi exclusivement avec de l'énergie gratuite.
Autre paramètre important: le scénario ne se déclenche que si la surproduction est d'au moins 450w, ET ceci pendant 5min d'affilée. En effet la production solaire peut beaucoup varier d'une seconde à l'autre, avec un nuage, une ombre, etc. Pour conserver la durée de vie de l'alimentation de la batterie, je préfère éviter les déclenchements intempestifs de quelques secondes.
Enfin, si ces deux conditions sont respectées, je déclenche l'allumage de la prise Shelly Plug qui pilote la batterie Bluetti:
On peut également si on le souhaite ajouter une autre action pour être notifié sur son smartphone du lancement du scénario (utile au moins au début pour tester le bon fonctionnement).
Notre scénario de mise en charge automatique est terminé:
Il faut maintenant réaliser un scénario qui va faire l'inverse: à savoir stopper la charge de la batterie quand il n'y a plus de surproduction, afin d'éviter la charge sur le réseau général.
On crée donc une seconde scène, avec cette fois pour déclenchement une consommation de la maison supérieure à 100w durant au moins 10min. Là encore cela va permettre de limiter les déclenchements intempestifs.
En action, cette fois on indique l'extinction de la prise pilotant la batterie (et l'ajout d'une notification si on souhaite être tenu informé).
A la fin on doit avoir ces deux scénarios de mise en charge et d'arrêt:
Conclusion
Ces deux scénarios très simples me permettent d'automatiser la recharge de ma batterie Bluetti avec le surplus de production solaire, pour y stocker de l'électricité gratuite. Cette électricité peut ensuite être utilisée en branchant simplement des appareils sur la batterie quand on en a besoin. Pour ma part j'alimente toute la maison durant quelques heures la nuit, en actionnant simplement mon inverseur de source, qui permet de passer toute la maison du réseau général à la batterie Bluetti en 2s. Ainsi la journée j'ai une consommation quasi nulle grâce à la production de mes stations solaires, et le soir j'utilise l'éventuel surplus stocké sur la batterie Bluetti pour alimenter la maison, ce qui génère encore quelques heures sans recours au réseau général (et donc sans électricité facturée). Ainsi j'optimise au maximum ma production photovoltaique, et je réduis ma facture d'électricité au maximum.
Bien sûr, on peut utiliser le même principe non pas pour recharger une batterie si on n'en possède pas, mais pour déclencher la mise en route d'autres appareils:
- mise en fonctionnement du chauffe eau, grâce au guide vu précédemment pour piloter le chauffe eau en Wifi grâce à un module Shelly
- mise en route de la pompe de la piscine, ou mise en chauffe du SPA
- mise en route des machines à laver
- etc.
Tout est possible: à partir du moment où on connait précisément le surplus de production du logement, il est possible de déclencher la mise en route d'autres appareils pour exploiter cette surproduction et cette électricité gratuite ! Il suffit d'adapter les scénarios à vos besoins, ce n'est bien sûr ici qu'un exemple. Mais l'intérêt était de montrer ce qu'il est possible de faire très facilement avec deux périphériques Wifi assez simples à mettre en place.
Bonjour
Super article, très bien expliqué qui est très clair
Merci beaucoup cela donne des idées
bonjour
oui c’est cool, mais peut-être qu’un routeur ou une solution domotique déjà présentée fait ou ferait la meme chose sans devoir passer par une n-eme solution et donc application supplémentaire…
le problème de l’hétérogénéité de la domotique se perpétue …
a plus
Hello. Oui, tout à fait, si on a déjà un système domotique, on peut très bien le faire en utilisant ce qu’on a déjà, pour garder en effet un système homogène. Ici c’était pour montrer que même sans système domotique, on peut le mettre en place très facilement avec deux périphériques Wifi. Beaucoup d’utilisateurs de panneaux solaires et batteries type Ecoflow ne sont pas équipés en domotique. D’ailleurs Ecoflow a pigé la chose, puisqu’il a prévu de lancer prochainement des prises connectées qui seront pilotables depuis l’app Ecoflow et les automatismes. On aura bientot un vrai écosystème.
Si on a un système domotique comme Jeedom par exemple, il faut juste un périphérique permettant de suivre la consommation électrique de la maison. C’est l’info de base. A partir de là on crée les scénarios qu’on veut.
Salut cedric,
Merci pour cet article parfaitement limpide.
Je me pose quand même la question :
Y’a t’IL un conflit ou problème lorsque le matin tu es toujours sur ta batterie pour alimenter ta maison et la production de solaire en parallèle qui peut commencer tôt l’été ?
D avance merci car c’est ce qui me bloque avant de me lancer.
A+
Adrien
Super Tuto ! merci
J’ai juste des questions qui concernent le Bluetti, tous les soirs tu dois basculer l’inverseur et tous les matins tu rebacsules l’inverseur vers EDF (ou Enedis pour ceux qui ont lu) C’est bien ça ?
Combien de temps dure l’utilisation sur le Bluetti en moyenne le soir ? sachant que tu as un 2000W
N’était-il pas plus simple d’utiliser le bluetti en mode autoconsommation ? je veux dire en branchant directement sur ton réseau (en parallèle avec EDF) ?
Merci encore
Hello ! Désolé pas mal de déplacements ces deux dernières semaines, j’ai un peu de retard sur mes messages.
Alors c’est tout à fait ca: je bascule sur la Bluetti le soir, et je repasse sur EDF le matin. Après optimisation, la nuit ma conso moyenne est d’environ 200wh, donc je tiens la nuit sur la Bluetti, en passant dessus vers 22h, et en rebasculant sur EDF vers 6-7h le matin. Par contre je n’ai pas de ballon d’eau chaude qui tourne la nuit, contrairement à beaucoup de monde qui utilise les heures creuses la nuit. Chez moi les heures creuses sont le mercredi et weekend toute la journée, le chauffe eau fonctionne donc ces jours là en pleine journée, pour cumuler production solaire + heures creuses. Le ballon de 300l permet de tenir sans problème 3 jours sans chauffer.
Qu’entends tu par utiliser le mode autoconsommation de la bluetti ? Brancher la maison dessus en parallèle de EDF, comme on fait avec nos stations solaires par exemple ? Ca pourrait sans doute se faire, mais il n’y a pas trop de protections ni de contrôle dans ce cas, je pense. En utilisation courante ca doit fonctionner, mais par exemple le matin quand mes panneaux se remettent à produire, je ne suis pas sûr que la Bluetti apprécie du courant en entrée sur ses prises. Il faudrait ajouter quelques protections pour assurer le coup, mais ca demande à se renseigner, je ne suis pas électricien :p Il y a par contre des solutions qui sont en train de sortir, beaucoup plus simple, à l’aide de micro onduleurs qui réinjectent sur la maison, comme le fond les stations solaires. Je publierai d’ailleurs bientot le test de la solution PowerStream de coflow qui fait cela très bien !
Bonne question ! je suis également intéressé par la réponse de notre expert.
Merci beaucoup pour cet article très intéressant. Je vais gérer l’idée dans Jeedom ;-)
Bonjour, j’ai également le même Bluetti. J’ai un problème, c’est que pour prendre la charge secteur le bluetti doit être allumé, hors il s’éteint après 4 heures d’inactivité. Donc quand mon surplus arrive vers 12h et que je ne suis pas chez moi, il est perdu.
Avez vous une solution a part activé un micro charge avec la prise connecté avant les 4h pour la maintenir allumé.
Merci
BLUETTI
Date et heureÿ: 2000-00-00ÿ; 00: 00: 00, faites des ajustements pour le régler correctement.
Mode ECOÿ: lorsqu’il est allumé, l’alimentation secteur s’éteint automatiquement pendant 4ÿheures à faible charge (ÿÿ50ÿW) ou sans
charge pour économiser de l’énergie.
Bonsoir,
Je me tâte à utiliser ce système (qui nécessite un minimum de bricolage) ou comme tu l’as répondu à un internaute le Lixee Zlinky.
Je n’ai pas actuellement de système de domotique proprement dit mais j’ai quelques appareils sur prises connectées gérées par le système SmartLife sur mon smartphone Android.
Zlinky pourrait-il, comme le Shelly, détecter que je produit x wh de surplus et “commander” à ma batterie (j’ai une bluetti Eb3A et bientôt une Fossibot F2400) de se charger via mes simples prises connectées compatibles SmartLife ?
Merci.
je reflechis depuis qq semaines à ce genre de systeme, mais n’y a t il pas moyen de piloter la charge proportionnellement au surplus ?
Bonjour.
Là il faut un routeur mais il envoie un courant haché donc c’est plus pour les chauffes eau, je ne suis pas sûr qu’une recharge de batterie et courant haché fasse bon ménage ☺️
Bonjour, désolé de déterrer le sujet…
Je pense qu’en utilisant un Ecoflow Powerstream on peut se passer d’un inverseur si on a pas besoin de beaucoup de puissance.
J’ai une installation photovoltaïque en autoconsommation, je vais acheté une batterie Ecoflow pour recharger plus facilement mon hybride avec le soleil.
Mais j’aurai un surplus que je souhaite utiliser, la nuit notamment.
Ma solution :
En sortie Powerstream : branché sur une simple prise pour alimenter la maison.
En entrée Powerstream : la batterie (prise et câble dédiés).
En entrée Batterie : charge de la batterie par une simple prise quand la production solaire le permet.
La limite est de 800W pour alimenter la maison, cela suffit pour alimenter totalement quand il n’y a pas de gros consommateur, ou alléger la consommation si il y en a.
Est-ce OK ?
Bonjour. Oui pour le besoin que vous décrivez cela fera parfaitement le boulot. Par contre le Powerstream ayant besoin d’être synchronisé avec la ligne électrique (comme tout micro onduleur de ce type), il n’alimentera plus la maison en cas de coupure de courant. Et c’était surtout là l’intérêt de l’inverseur de source: en cas de coupure on switche de source, et la maison devient alimentée par la batterie.