Les températures baissent, le chauffage se rallume, et avec le prix des énergies qui a flambé, beaucoup se demandent quel est le type de chauffage le moins cher. Les effets d’annonce se multiplient et entre impact écologique et tarifs des différentes énergies, les informations peuvent quelquefois sembler contradictoires ou opaques. Hase, un fabricant allemand de poêles à bois depuis plus de 40 ans, vient de publier une infographie très intéressante sur le sujet, accompagnée de données chiffrées. Une étude très intéressante, que je vous partage donc.
Quel est le chauffage le plus économique en 2023 ?
Le chauffage au bois affiche toujours des tarifs compétitifs, comme depuis de nombreuses années, et surtout il s’agit de la source d’énergie dont le prix progresse le moins vite, et de la façon la moins irrégulière, même si des variations saisonnières existent.
Pour exemple, le bois bûche est accessible en dessous de 9 centimes d’euros par kilowattheure (kWh). Les granulés de bois sont eux proposés aux alentours de 11 centimes d’euros par kWh en règle générale.
Si des disparités peuvent être présentes entre les différentes régions, les prix du bois bûches ou granulés restent très inférieurs au prix de l’électricité qui dépasse désormais les 20 centimes d’euros par kWh.
Quant au prix du fioul, celui-ci dépasse désormais les 10 centimes d’euros par kWh, tout comme le gaz naturel, et affiche là aussi une hausse permanente.
Il est également à considérer que si les augmentations de certaines énergies peuvent sembler modérées, elles sont le fruit des dispositifs mis en place par le gouvernement, tels que le bouclier tarifaire, pour contenir l’inflation énergétique et réduire son impact sur les particuliers : il permet de maintenir les tarifs artificiellement bas. Toutefois, ces dispositifs sont temporaires, le tarif réglementé du gaz a été arrêté au 1er Juillet 2023, et les tarifs réglementés de l’électricité ont déjà été levés pour une partie des professionnels en 2021. Ils concernent toujours les particuliers, mais avec déjà une hausse de 10% en août 2023 et un avenir incertain.
Des prix énergétiques impactés par le contexte international
Si la guerre en Ukraine a eu un impact très important sur le prix des énergies, en France comme dans bien d’autres régions du globe, les énergies fossiles ont été les plus impactées par cet évènement dramatique avec des échanges internationaux révolutionnés.
De leur côté, les bûches et les granulés de bois, énergies locales, et donc moins sensibles aux crises internationales, ont été davantage épargnées par la situation. Leurs tarifs dépendent en grande partie de leur région d’origine, de la main-d’œuvre nécessaire pour satisfaire la demande, et ce même si de l’électricité et du carburant sont utilisés dans le cadre de leurs production et acheminement.
Premier constat : Certes, les tarifs du chauffage au bois affichent une hausse, mais dans une proportion moindre que les autres énergies. Cette hausse se fait surtout sur la base d’une évolution lente et plus régulière que les autres sources d’énergie.
Le tarif des granulés a connu une forte hausse sur l’hiver 2022-2023 suite à une demande excédant l’offre. Depuis, les tarifs ont diminué et sont revenus à un niveau plus cohérent, correspondant à une légère hausse régulière.
Le fuel a connu comme tous les combustibles fossiles une hausse suite au conflit ukrainien, mais de la même manière que les granulés son niveau de prix est revenu à un niveau correspondant à une hausse plus “normale”.
Le tarif réglementé du gaz, a permis au consommateur d’éviter une très forte hausse. Il a connu une légère hausse par paliers jusqu’en juillet 2023, date à laquelle le tarif réglementé a été abandonné. Son avenir reste incertain.
L’électricité continue sa hausse de prix structurelle, dans le sens où son niveau de prix est déjà promis à une, voire plusieurs hausses en 2024.
Qu’en est-il du rendement des équipements de chauffage ?
Si le coût de la matière première est régulièrement le critère mis en avant, il ne s’agit pas du seul élément à prendre en considération : l’équipement a également une importance, non négligeable, en termes de rendement énergétique. Le rendement, pour simplifier, est le rapport entre l’énergie générée par l’appareil et l’énergie qu’il consomme.
Si pour le chauffage au bois il n’est pas possible d’atteindre un rendement de 100 %, les performances ne cessent de croître. Les modèles de poêles à bois labellisés Flamme Verte 7 étoiles dépassent les 75 % de rendement, et ceux à granulés la barre des 87 %. A noter que les chiffres communiqués pour le gaz et le fuel sont communiqués avec une estimation de rendement de 100% mais il peut varier entre 80 et 110% pour une chaudière gaz (chaudière classique ou condensation).
Dès lors, la différence de rendement entre le bois et d’autres solutions se réduit de plus en plus. Choisir le chauffage au bois permet donc de faire des économies en comparaison avec les autres solutions disponibles.
Des aides offertes pour réduire la mise de départ
Quant au prix de l’équipement, il correspond à un investissement de départ.
La notion de rentabilité s’inscrit davantage dans le long terme, en prenant en compte l’évolution prévisible des sources d’énergie. Mais … il est difficile de faire des prévisions à moyen et long terme. Cependant l’avenir des énergies fossiles est désormais compté, et les prix de l’électricité déjà élevés ne semblent promis qu’à la hausse. La seule question est : de quelle ampleur ?
Par ailleurs, concernant le prix de l’équipement et de l’installation, celui-ci peut être réduit grâce aux aides accordées notamment pour le chauffage au bois. Des primes sont disponibles à l’aide du dispositif MaPrimeRénov’, et il est possible sous conditions de bénéficier d’un taux de TVA réduit à 5,5 %.
À cela s’ajoutent les primes énergie ainsi que l’accès à l’éco-prêt à taux zéro pour financer l’acquisition de l’équipement en lien avec d’autres travaux de rénovation énergétique.
Détails des prix mesurés par énergie / sources :
- Bois : bûches sur palette 33-40cm qualité H1, le stère € TTC 20% d’humidité, non livré, source CEEB, PCI 1500 kWh / stère.
- Granulés : prix à la tonne en sac TTC, non livré, source CEEB
- Fuel : prix TTC FOD_C1, non livré, statistiques officielles
- Electricité : tarif bleu réglementé, 6 kV, hors abonnement
- Gaz : tarif réglementé, tarif B1, zone 1, hors abonnement
Qu'en pensez vous ?
Pour ma part cette analyse ne me surprend guère, car je me chauffe au bois depuis près de 15 ans. Mais comme le relève le fabricant, le tarif du bois dépend beaucoup de sa situation géographique. Ici, en Sologne, une région particulièrement boisée, le stère de chêne coupé et livré coute une cinquantaine d'euros, pour vous donner une idée. Grâce à un poêle performant, le chauffage me coute à l'année moins de 500€ pour une maison de 120m2 environ, ramonage inclus. J'aurai sans doute du mal à faire moins. Mais n'hésitez pas à nous faire un retour en commentaire de votre moyen de chauffage et de votre budget pour comparer, c'est toujours intéressant !
Source: communiqué de presse
Pourrait on inclure la notion de COP pour la PAC et l’electricite ? car cela influe quand meme grandement sur le resultat je pense.
Il pourrait aussi etre interessant de comparer a partir de quand le bois devient plus interessant que la PAC (a partir de quel COP – la PAC devient moins interessante)
Cela permettrait de savoir ensuite quand utiliser la PAC et passer ensuite sur le poele ou insert le soir :)
Merci
Bonjour, cette présentation partiale de Hase avec un extrait d’une publication de l’ADME est beaucoup trop rapide et simpliste. Elle ne tient pas compte de nombreux paramètres autres que l’émission de CO2 lors de la combustion, comme par exemple pour le bois, le temps de reconstitution du stock de carbone, l’émission par le bois de gaz toxiques en brulant car il rejète non seulement ce qu’il a emmagasiné durant sa durée de vie, mais la chaleur recombine les gaz émis pour créer des gaz encore plus nocifs en plus des particules.
Voici déjà une approche plus pointue :
https://www.zerocombustible.fr/neutralite-carbone-bois-contestee/#:~:text=Le%20bois%20est%20plus%20%C3%A9metteur,sensiblement%20plus%20%C3%A9metteurs%20(1).
Ma nièce, professeure / chercheuse, phd en modélisations mathématiques dans le domaine de la chimie, a aidé, il y a une dizaine d’années, des collègues chercheurs du NREL (Laboratoire national des énergies renouvelables) à Boulder, état du Colorado, pendant un peu moins de 3 ans, en modélisant des combustions de différentes espèces de plaquettes de bois dans un réacteur où celles-ci étaient en suspension dans l’air.
Elle est aussi contributrice à la publication Proceedings of the Combustion Institute.
Elle fait aujourd’hui des modélisations pour la transition énergétique pour arriver à produire des énergies neutre en carbone à l’université Cornell.
Je résume très très rapidement : plus l’énergie renouvelable ou fossile est raffinée naturellement, moins elle est globalement polluante.
Dans l’ordre du plus au moins polluant :
Bois, charbon, pétrole, gaz.
Bonjour. On est d’accord que l’étude peut en effet aller beaucoup plus loin pour vraiment faire la part des choses. Je partageais surtout l’infographie qui montrait l’évolution des tarifs par rapport aux autres sources de chauffage, car malheureusement avec la flambée des prix le portefeuille vient totalement occulter le côté écologie, qui est un “luxe” que beaucoup ne peuvent plus se payer aujourd’hui malheureusement.
Mais merci pour ces éclaircissements et ces détails très intéressants !