Interview d'un intégrateur domotique : Alban Amouroux de Multiroom

Vincent PREMEL
7 septembre 2011

Après avoir interviewé François-Xavier Jeuland, consultant et auteur dans le domaine de la domotique, je vous propose aujourd’hui le point de vue d’un intégrateur, Alban Amouroux, fondateur de la société Multiroom.

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I. Comment êtes-vous devenu intégrateur domotique ? Et comment définiriez-vous ce métier ?

Je suis passionné par la HiFi et le home-cinema depuis mon adolescence. Le salaire de mon premier job d’été est d’ailleurs passé dans un amplificateur A/V Yamaha Dolby Pro Logic. Je me suis ensuite intéressé à la diffusion et au contrôle multi-pièces, puis je suis venu à la domotique par la gestion d’éclairage.

Ma formation est liée à la communication et au web. Sur mon temps libre, j’ai profité de mes connaissances pour créer et animer un blog dédié à l’intégration audio/vidéo et à la domotique. Multiroom était né ! Le but premier était de centraliser des informations, mais également de me faire connaître. J’ai rencontré pas mal de spécialistes du métier sur les salons comme l’ISE, le CEDIA UK ou le CES. Puis je me suis formé auprès des fournisseurs. Enfin, le premier client m’a contacté via le blog mi-2007, j’ai créé officiellement la société d’intégration Multiroom dans la foulée.

L’intégrateur doit avoir un certain nombre de compétences : en audio/vidéo et en domotique bien évidemment, mais aussi en maîtrise d’œuvre. L’intégrateur est souvent le pivot sur le chantier entre d’un côté le client et son architecte, et de l’autre tous les artisans dont il va modifier le travail « traditionnel » initial (électricien, plaquiste, menuisier). Il doit savoir parler leur langage.

L’intégrateur doit avoir également un goût prononcé pour la décoration et l’architecture d’intérieur. Cela est nécessaire pour proposer des solutions d’intégration des nouvelles technologies respectant l’intérieur de la résidence du client. Quelle que soit la décoration, il faut trouver la bonne solution pour intégrer les nombreux appareils en prenant en compte les formes, les couleurs, les modes de fixation. Cette attention au détail est l’une des forces de l’intégrateur.
Un intégrateur fait de la recherche et développement quasiment au quotidien : veille, tests, combinaisons de produits. Mais il doit aussi avoir des solutions robustes et éprouvées sur lesquelles s’appuyer pour chacun de ses chantiers. L’intégrateur doit donc savoir faire le grand écart entre customisation, parfois à l’excès, et industrialisation. Le bon mix des deux est très complexe, mais c’est aussi ça qui fait tout le charme du métier.

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II. Quel est le profil des personnes qui font appel à vos services (clients finaux, architectes, électriciens…) ?

De part ma stratégie commerciale basée sur une présence Internet importante, ce sont les clients finaux qui me contactent après avoir fait une recherche en ligne. Quelque fois ce sont des architectes, mais cela reste anecdotique. Je suis en train de constituer mon réseau professionnel local qui est lui constitué d’architectes et d’électriciens. Cela prend beaucoup de temps.

III. Quelles sont les fonctionnalités que les clients recherchent en priorité ?

Les clients prennent contact avec moi pour deux fonctions principales : la distribution audio ou audio/vidéo multi-pièces, et la gestion d’éclairage. De là découlent ensuite des fonctions et des services associés incontournables comme le contrôle global via des télécommandes ou des écrans tactiles, les enceintes encastrées dans les plafonds, l’accès à distance, etc.

IV. Quelles sont celles auxquelles ils pensent le moins et que vous leur proposez ?

J’ai la chance de travailler sur des chantiers importants où la demande est plutôt exhaustive, et où il me faut même réduire le nombre de fonctions pour ne pas tomber dans une usine à gaz inutilisable. Cela vient de ma clientèle assez spécifique, qui a souvent lu mon blog avant de me contacter et qui a donc des idées plein la tête !
Globalement, ce sont plutôt des simplifications auxquelles les clients ne pensent pas que je vais proposer. C’est par exemple la réduction du nombre de boutons pour la lumière à 2 par pièce pour lancer les scénarios du quotidien uniquement. Pour accéder à plus de scénarios moins utilisés, il suffit de prendre la télécommande ou l’écran tactile.

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V. Peut-on évaluer le surcoût d’une installation domotique par rapport à une installation traditionnelle ?

Si l’on prend la question du point de vue du câblage, normalement, il ne devrait y avoir aucun surcoût. En câblage électrique traditionnel, on a des câbles qui vont à l’interrupteur jusqu’à la lampe, des va-et-vient, des télérupteurs, donc des câbles qui partent, reviennent, se séparent. En domotique, quelle que soit la norme, on a un câble pour chaque lampe jusqu’au tableau, et un câble unique, le fameux câble bus, passant d’interrupteur en interrupteur. Si l’on regarde bien, le travail réel est assez similaire entre une installation traditionnelle et une installation domotique.

Par contre, ce sont tous les modules de commande et de puissance que l’on va trouver dans le tableau électrique qui sont eux en surcoût par rapport à une installation traditionnelle : modules de puissance variés ou non variés pour l’éclairage, module de contrôle des volets roulants, des vannes du chauffage au sol, modules d’entrées, etc. La différence de budget se joue ici. Le surcoût sera donc dépendant du nombre de fonctions demandées par le client.
Il ne faut pas oublier que la variation d’éclairage ou la gestion intelligente du chauffage font faire des économies d’énergie. Ce point peut aussi être pris en compte lors du calcul du coût global.

VI. Quels produits installez vous le plus couramment ? Pourquoi ?

Je travaille avec les produits à la norme KNX pour tout ce qui est domotique. Le nombre de fabricants proposant des produits KNX est très important, ce qui permet de créer des combinaisons intéressantes en prenant le meilleur dans chaque marque.

Concernant l’audio/vidéo, j’utilise beaucoup Sonos pour la distribution audio, ce produit répond parfaitement aux demandes des clients à tous les coups : lecture des fichiers stockés sur son serveur, radios web, Deezer/Spotify, …

Pour le contrôle, l’iPad est très demandé par les clients. Avec toutes les applications disponibles pour chaque marque, mais également pour l’univers KNX, on peut réellement tout piloter aujourd’hui. Je le combine le plus souvent avec des télécommandes universelles URC qui sont bien plus pratiques pour zapper tranquillement installé dans son canapé, sans avoir à regarder l’écran tactile de l’iPad.

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Et comme je le disais précédemment, il y a un rack technique 19’’ dans chacun des projets sur lesquels je travaille. Le rack permet d’installer tous les appareils de façon centralisée et sécurisée. Le câblage peut être réalisé dans les règles de l’art et la circulation de l’air est étudiée pour être efficace. Les interventions de maintenance n’en sont que facilitées.

VII. La cohabitation se passe-t’elle bien avec les autres corps de métiers ?

La cohabitation se déroule très bien avec les artisans. Une fois que les nouveaux plans de câblage pour la domotique ou que les réserves dans la menuiserie ont été validées, le client ou l’architecte font passer ces demandes aux artisans. Mais c’est parfois avec l’architecte que c’est plus compliqué. Le premier cas de figure est quand la domotique ne l’intéresse absolument pas et qu’il ne fait aucun effort pour que la cohabitation se passe bien entre tous les corps de métiers. Le second cas, c’est quand il s’intéresse mais qu’il n’arrive pas à intégrer la complexité et les complications que peuvent entraîner l’intégration audio/vidéo et domotique ; il minimise alors par méconnaissance les implications de notre partie. Ce qui peut avoir des conséquences assez fâcheuses par la suite.
Pour reprendre François-Xavier Jeuland dans son interview, « les architectes ne perçoivent pas encore la domotique comme une opportunité ». Pour que la cohabitation devienne idéale, il va falloir que les architectes changent d’avis sur la domotique. En espérant que cela ne prenne pas trop d’années !

Merci à Alban Amouroux d’avoir bien voulu répondre à mes questions. Vous pouvez retrouver son travail sur www.multiroom.fr.

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1 réaction

Arthesis Diffusion
8 avril 2016

Merci pour cette interview :)

Je travaille pour la société Arthésis Diffusion, nous installons et intégrons également du matériel audiovisuel mais dans le domaine professionnel.

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Bonne journée

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